Roukiata Ouedraogo, la femme derrière l'artiste

Tête d'affiche de la neuvième édition du festival international du rire de Brazzaville tuSeo, qui se tiendra du 27 au 29 octobre prochain à l'institut français du Congo, la dramaturge/comédienne et humoriste française d'origine Burkinabé, Roukiata Ouedraogo a pris le temps de répondre à quelques unes de nos questions. Sans plus tarder, je vous invite à découvrir cette femme aux multiples facettes. Bonne lecture !!!
Youngiftedandblack
On commence par notre désormais très célèbre question d'introduction à savoir : qui est Roukiata Ouedraogo ?
Roukiata Ouedraogo est une jeune femme d'origine burkinabé qui a quitté son pays natal à 20 ans pour venir vivre en France. Après avoir pratiqué divers métiers dans l'univers de la mode à Paris et dans l'education, j'ai suivi une formation en art dramatique au cour Florent. A l'issue de cette formation j'ai immédiatement monté mon premier seul en scène: "Yennenga, l'épopée des mossé". C'était en 2008.

Femme africaine en France, comédienne de surcroit dans un milieu ou les rôles qui les font briller sont aussi rare qu'un oasis dans le désert, Comment fais tu pour t'en sortir ?
"s'en sortir" est une notion un peu étrange, je préfère celle de "progression". Il est certain que ce milieu est très difficile, très concurrentiel et effectivement rares sont les rôles intéressants pour les actrices "issues de la diversité " comme on dit dans les médias. Il faut se battre, ne pas se décourager. Personnellement je crée mes propres spectacles et je suis moins dépendante des castings, même si j'en passe aussi.
Youngiftedandblack
Raconter le quotidien d'une femme noire parait aisée, mais comment parvient-on à le faire en évitant les clichés et la stigmatisation ?
Les clichés on ne peut pas les éviter. En fait, quand on ne connait pas l'Autre, on s'en fait une représentation plus ou moins positive. Plus on est sujet aux angoisses sociales et plus elles sont négatives. Les clichés sont de formidables ressors comiques parce qu'ils sont toujours la marque d'une certaine fainéantise intellectuelle et peuvent facilement être retournés à l'envoyeur. Quant à la stigmatisation... je pense que notre société se durcit dangereusement et que tout le monde stigmatise tout le monde. C'est la cohésion sociale qui se dissout.

Tu es seule sur scène cependant nous voyons défiler pas moins de quinze personnages les un après les autres. Comme on dit chez moi, tu es très nombreuse. Comment parviens-tu à faire cohabiter tout ce monde en toi ?
Je suis effectivement très nombreuses dans la vie. Mais je ne suis pas folle je suis juste en collocation avec plusieurs personnes dans ma tête (rire) Sur scène je m'efforce juste de discipliner tout ce petit monde.
Si tu devais nous raconter Ouagadougou pressé en quelques mots, que dirais-tu ?
C'est une histoire de diaspora. Une jeune africaine de Paris s'apprête à faire un voyage au pays. La voilà victime de la tyrannie familiale : chacun veut son cadeau. La préparation de ses valises la replonge dans les souvenirs de sa jeunesse à Ouaga quand elle devait feinter son vieux père pour sortir le soir afin d'aller danser au bal des bacheliers. Sont abordés avec légèreté les thèmes de la nostalgie des diaspos et de leurs liens très forts avec leur famille restée au pays.

Tu as eu à présenter ton spectacle dans plusieurs capitales africaines, quel regard portes-tu sur l'évolution du secteur de la culture sur le continent ?
La culture est malheureusement toujours le parents pauvre des politiques mises en place par nos dirigeants. Il leur manque toujours soit les moyens, soit les compétences, soit la vision. Et pourtant le continent regorge de talents. Il n'y a pas que de très bon footballeurs et d'excellents musiciens en Afrique. Il y a aussi des plasticiens, des écrivains, des comédiens... Le drame serait que ces gens, comme nos ingénieurs et nos universitaires continuent à quitter L'Afrique pour chercher fortune ailleurs. Heureusement on voit se développer de plus en plus de structures et d'événements phares qui amènent la lumière sur la richesse culturelle du continent. Que l'on pense pour l'humour au Marrakech du rire, au Parlement du rire à Abidjan, le rire à dorénavant sa place au MASA toujours à Abidjan, et je ne parle pas des festivals qui poussent un peut partout. C'est encourageant.
Youngiftedandblack
Ton passage à tuSeo marquera aussi ta première fois à Brazzaville. Y a t-il des collaborations prévu avec les artistes locaux ?
Je suis vraiment heureuse et honorée d’être la tête d'affiche du festival TUSEO cette année. Très heureuse également de connaitre enfin ce magnifique pays qu' est le Congo. Pour l'instant je n'ai pas de projet mais j’espère faire des belles rencontres, pouvoir échanger avec des comédiens et artistes sur place. Je donnerai deux ateliers de deux jours à l'institut français de Brazzaville et j’espère que ça nous amènera à des collaborations. 

Quel est ton message à l’endroit du public congolais qui t’attends ?
Le tout puissant m'a investie d'une mission sur terre. Frères congolais écoutez bien son message : aimez vous les uns les autres, faites l'amour pas la guerre et surtout rions ensembles. Amen.
Youngiftedandblack
A tout ceux qui ne seront pas à Brazzaville du 27 au 29 octobre, pourrais tu nous donner les prochaines date de tes représentations.
J'ai pas mal de dates le 12 octobre à Paris au théâtre Darius Milhaud dans le 86 allée Darius Milhaud
Le 15 octobre au Mans, 
Les 16 et 17 novembre en Allemagne,
Les 5 et 6, décembre a Dakar avec les doff du rire 
Les 7 et 8 décembre à l'institut français de Dakar avec les doff du rire
Le 9 et 10 décembre au Théâtre Daniel Sorano avec les doff du rire à Dakar,
Le 15 en suisse à confirmer
Je me permets de renvoyer les lecteurs à la page que j'ai ouverte sur un célèbre réseau social (rire) Facebook et sur tweeter 
Le mot de la fin est pour toi. Que pouvons nous te souhaiter ?
Que du bonheur et je vous en souhaite autant.
Youngiftedandblack
Un grand Merci à toi Roukiata pour ta disponibilité, comme on le dit si bien à tuSeo : que le rire soit avec toi. Ce sera tout pour aujourd'hui les amours, on se dit à très vite les YGB. On oublie toujours pas de se protéger en sortant...
xoxo

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