On confère souvent au rire le pouvoir de sucrer les larmes et même celui de guérir les âmes. Je vous emmène aujourd'hui à la rencontre d'une femme qui a trouvé dans ce rictus prolongé, l'instrument idéal pour rassembler un peuple meurtri par les affres de la guerre et faire naitre en lui l'espoir d'une nation unis dans sa diversité. Zoom donc sur Lauryathe Céphyse Bikouta alias Maman tuSeo. Bonne lecture !!!
Je suis une comédienne, promotrice culturelle congolaise, initiatrice et directrice du festival du rire tuSeo à Brazzaville. Je vis entre la France et le Congo, deux pays qui me sont chers !
On te présente toujours comme la créatrice du festival tuSeo, peux tu nous en dire d'avantage sur ton parcours de tes études à la naissance de ce festival du rire?
Rassurez-vous, il n’y a pas grand chose à dire sur mon parcours (rires). Des études littéraires à l’université Marien Ngouabi, la scène avec le théâtre et un peu de danse, la production culturelle, une vie associative intense, la presse écrite en collaborant à La Semaine Africaine. Une vie professionnelle qui m’a aussi conduit tour à tour au Forum des Jeunes Entreprises du Congo et enfin au Centre Culturel Français de Brazzaville, actuellement Institut français du Congo. Voilà ce que je peux dire pour résumer ce que j’ai fais de plus marquant.
La rédaction du projet du festival tuSeo en 2003 était avant tout une thérapie personnelle post guerre de 1997. Il a ensuite été conçu pour combler le vide dans l’organisation d’événement culturel dans le domaine du rire. Le festival tuSeo s’est engagé à offrir une scène artistique propre aux humoristes, avec le souci de susciter des talents congolais dans ce domaine, ce qui a conduit à la réalisation de la première édition qui s'était tenue du 28 au 30 octobre 2004 au CFRAD à Brazzaville.
As-tu directement embrassé le monde artistique via le rire ou est-ce que d'autres formes d'expressions artistiques ont pavé le chemin qui t'y a emmené ? Si oui lesquels ?
Non, je n’ai pas commencé par le rire, mais par le théâtre avec la troupe pour le bon plaisir de vivre de Patricia Louniongo, puis s’en sont suivi d’autres scène et d’autres metteurs en scènes. C’est en participant à la pièce Luzimbu de Chrysogone Diangouaya à Pointe-Noire que j’ai eu l’idée de créer en 1998 la Compagnie Zangul’art, première troupe féminine congolaise de théâtre que j’ai dirigée et dans laquelle je me suis illustré également par mes talents de comédienne. J’ai crée plus tard, tour à tour, l’Union des femmes artistes du Congo (UFAC) en avril 1999 ; Badaboum, spectacle de hip hop et ce fût le début de ma « petite carrière » de productrice; une très belle expérience suivi d’autres petites initiatives, un élan que je dois entre autre à la motivation puisée dans l’association des Jeunes pour Jeunes (AJPJ), avec Robert Ntumi, Willy Zekid, Jehu Bikoumou, Sylvère Youmbah, Amour Nzoulani, Jocelyne Bemba et bien d’autres jeunes auprès desquels, j’ai beaucoup appris
tuSeo a eu une période de non activité entre 2008 et 2010, puisqu’il n'a été remis officiellement en scène qu'en 2011 avec une édition spécial composée uniquement par les artistes de Brazzaville, je ne sais pas trop pourquoi, mais nous n’avons pas pris en compte cette édition, pour l’aligner sur la liste...
Lors de la dernière édition le public avait eu la belle surprise de pouvoir écouter la voix soul et haut perché de Eved Voice durant les intermèdes, as tu prévu de renouveler l'expérience en conviant d'autres chanteurs/rappeur pour l'édition à venir ?
Oui, nous avons eu droit a une belle prestation et merci une fois de plus à Eved Voice sans oublier Julien De Ruyck qui l’avait programmé. Je signale qu’il y avait eu aussi Epela d’Azur. Ce n’était pas la première fois que tuSeo recevait des musiciens. Dès le début du festival en 2004, le groupe Nkota (qui malheureusement n’existe plus) avait offert un très bon spectacle au public de tuSeo. On peut aussi en citer d'autres tel que Kaly Diatou (monsieur premier salaire), Kavla Kanza, Christian Kibongui (France). Il faut aussi souligner le fait que l’édition 2014 a reçu une très grande scène libre au village du festival qui était installé à la Mairie de Mfilou avec le soutien du festival Feux de Brazza.
Si tu devais faire le bilan de l'édition précédente, que dirais-tu concrètement ? Quels ont été les points fort, ceux à améliorer, retravaillé et surtout les instants inoubliables ?
L’édition de 2014 a eu la particularité de fêter le 10ème anniversaire de l’organisation du festival. Un parcours plein d’histoire, de joie, de frustration et de rebondissement…
La qualité y était par la programmation des spectacles venus de France, du Tchad, de la RDC, du Cameroun, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la république du Congo… des artistes qui ont garanti l’esprit d’excellence qui marque tout l’enjeu de notre événement. La performance avec le déplacement du festival (depuis l’édition 2007) de son site traditionnel (IFC) pour un grand quartier populaire. La Mairie de Mfilou Ngamaba grâce au soutien du festival Feux de Brazza que dirige Gervais Hugues Ondaye a abrité le QG du festival ainsi qu’une grande scène libre en musique. tuSeo 2014 n’a pas faillit à sa vocation d’espace d’échanges, de formation et d’intégration culturelle. C’était l’enjeu des ateliers, conférences et rencontres professionnelles qui ont eu un contenu pédagogique assez dense et structuré. Le tout était géré via des ateliers animés par Valery Ndongo du Cameroun pour les humoristes, et un atelier video pour des jeunes débutants dans ce domaine de l’audiovisuel animé par Antoine Grevon venu de France.
La visibilité, la 7é édition était très présente dans la presse locale et étrangère. Un véritable plan d’invasion communicationnelle avait été mis à pied d’œuvre.
L’économie, visibilité des sponsors et partenaires par des stands personnalisé au village du festival
Quels sont les plus grands obstacles que tu rencontres lors de l'organisation de chaque édition ?
Le financement à coup sur! chaque édition est une bataille dans ce domaine car nous ne bénéficions pas pour le moment du soutien concret des institutions chargée de promouvoir l'art dans notre pays. La lenteur des « sponsors » prospecté à donner suite à nos demandes, car cela ralentit le processus de communication et nous retarde dans le respect des dates imposées pour l'envoi de nos différents supports. Sinon je pense que chaque édition a son lot de surprise, c'est aussi cela qui fait le charme du festival. Une fois que tout est mis sur pied, on oublie les peines, les tracas et on profite simplement de ces moments inoubliables.
Le fait que tu résides plus de six mois hors du Congo ou se déroule le festival tous les ans, ne rend il pas toutes ces taches encore plus lourde ?
Oui et non, il y a des avantages et des inconvénients à cette situation. Il est important que les membres du comité d’organisation ne dépendent pas toujours de moi. Faire partie de l’équipe de tuSeo, c’est être à l’école de la prise d’initiative, de la responsabilité, de l’engagement, de la mise en pratique de ses compétences. Il faut savoir déléguer ses responsabilités et je peux vous dire d’ailleurs que, je ne suis pas la seule pièce responsable de la réussite et du succès du festival tuSeo.
A qui, à quoi attribue tu ta détermination, ta persévérance, cette force qui t'anime malgré les obstacles que tu peux rencontrer ?
Alors là ! (rires)… Je crois qu’il y a avant tout une volonté accrue et innée qui m’anime. Elle est pimentée par les encouragements de toutes les personnes qui apprécient mes initiatives. J’insiste beaucoup sur les encouragements, c’est fortifiant. Le fait de faire des retrouvailles à chaque édition, de rencontrer des nouveaux invités, d’avoir des nouveaux partenaires, de voir un public demandeur et heureux de passer des bons moments autours du rire…
Je n’oublie pas la chance que j’aie d’avoir des parents qui me soutiennent, ces hommes et femmes proches ou éloignés qui me donnent du tonus sans le savoir parfois. Ces amies qui me tiennent aussi bien par la main qu'avec leur cœur, je pense tout particulièrement à Aimée Mavoungou, Annette Matondo, Aurélie Ivouba, Azaad Bitemo, Belinda Ayessa, Claudia Haidara, Edrine Balandamio, Ella Omberoba, Gisèle Tchikaya, Hermione Désirée, Ifrikia Kengué, Karine Kitoko, La sœur Brigitte Yengo, Lyne Mikangou, Mireille Opa, Mireille Nkodia, Sylviane Locko, Sylvie Loulendot, pour ne citer que celles là. Ma profonde gratitude aussi aux bénévoles de tuSeo, Rosy, Gracia, Dominique Dodie, sans t'oublier toi-même (rires).
La prochaine édition de tuSeo se tiendra du 29 au 31 Octobre prochain, peux tu partager en exclusivité avec nous la liste des différents artistes participants ainsi que les différents pays qu'ils représentent ?
Ce nouveau rendez-vous renforce l’une des missions principales de tuSeo, à savoir l’ouverture sur le monde et la découverte en tout temps des valeurs universelles que porte l’humour en Afrique en particulier. Se retrouver est une fois de plus l’occasion de permettre à Brazzaville de mettre en avant la créativité et le dynamisme qui peuvent naître de la rencontre entre les professionnels.
La programmation 2015 mettra sur scène les humoristes confirmés et jeunes talents cueillis à l’orée d’une carrière prometteuse. Animations conviviales, festives et artistiques qui participent au succès du festival. Les professionnels ont aussi leurs Rencontres des directeurs de festival du rire et continuer d’offrir à travers ces différentes actions une plate-forme où rêve, art et promotion du rire se côtoient, que ce soit à travers la richesse de la programmation.
Nous attendons Charlotte Ntamack (Cameroun), Manitou (Gabon), Mala Adamo, Kaboré l’intellectuel (Burkina-Faso/Côted’Ivoire), Abasse (Côte d’Ivoire), Dja Fiston (Guinée Conakry), Cheknito (Mali), sans oublier toute la crème des humoristes de Brazzaville avec Titus Kosmas, Prodige Heveil, Juste Parfait et Naz-R qui se succéderont sur la grande scène de la salle Savorgnan de Brazza pour des spectacles hilarants et décapants.
Portée désormais par l’Association TUSEO, le festival garde cette volonté toute particulière qu'il a de mettre en avant de jeunes humoristes en herbe par le biais d'une scène libre, des ateliers de formation sur le jeu d’acteur ou par l’écriture du texte.
Il ne vous reste plus qu’à nous rejoindre dans ce merveilleux monde de la bonne humeur, où nous aimons tant partager, échanger, puis nous rassembler autour du rire, histoire d’imaginer le monde tel qu’il sera peut-être un jour…
Un petit mot sur les partenaires, les sponsors qui soutiennent cet événement, dans quel domaine sont-ils et qu'apportent ils à tuSeo?
Un grand merci à tous les partenaires qui ont accompagné ce projet depuis sa création, à ceux qui l’accompagnent aujourd’hui et continueront demain; L’institut Français du Congo, Radio Mucodec, Ragec, TV5Monde, Rfi, Mossibet’ke, les courageux, Mercier de l’Art, le Clap, Feux de Brazza. Bakento, Imag’in communication, IfrikiaMag, Royal air Maroc, Ecair, Jardeco, Fash.com, Reedexpo… la presse Congolaise et internationale, le public de tuSeo.
Déjà d'autres projets en vu pour les mois à venir ?...oui nous sommes très curieux par ici.
Oui, la présentation de la nouvelle organisatrice du festival tuSeo à savoir : l’association tuSeo avec tous ses projets qui seront dévoilés au grand public.
Le mot de la fin est pour toi, que souhaites-tu dire aux lecteurs et lectrices...
Merci d’avoir lu cette interview jusqu’à la fin (rires), merci surtout de véhiculer l’information sur notre festival et sa nouvelle organisatrice, l’association TUSEO.
Soyez nos portes paroles à travers le monde afin que cette occasion annuelle de détente, d’autocritique, de découverte, de culture générale par un exercice d’humour thérapeutique sois toujours bénéfique pour notre société de plus en plus éprouvée et stressée par la crise économique, et la dislocation des valeurs familiales et communautaires..
Soyez nombreux au rendez vous, puisse le rire être avec vous et avec votre esprit. Quant à moi je vous dis à très vite les YGB. N'oubliez pas de sortir couvert et de croquer la vie à pleine dent les amours, à tantôt...
xoxo
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